Hamman “Argan”

Architecture

WILFRID DEYDIER

PARIS


31 mars

 

Pour l’aménagement de ce hammam situé à Saint Maximin dans l’Oise (60), l’architecte d’intérieur français Wilfrid Deydier a lancé le pari d’exporter l’art oriental et ses splendeurs au cœur de la région Picarde. Défi finement relevé pour l’Hammam l’Argan où les mosaïques fleuries et les nuances bleutées sont une invitation au voyage et à la détente.

 

Un projet ambitieux

Pour la création de ce vaste hammam aux multiples salles, l’architecte a d’abord travaillé les espaces et les différents volumes sur des plans en 3 Dimensions.
Il a ainsi créé des pièces dont chacune joue un rôle vers le bien-être et la purification.
Une fois les volumes mis en place, une réflexion a été menée quand aux nombreux décors imaginés fleuris et colorés, et dont chaque parcelle est unique.
Enfin, l’aboutissement du somptueux hammam a fait suite à des travaux ambitieux et minutieux, tant au niveau du travail sur les volumes que de la précieuse mosaïque présente du sol au plafond.
Focus sur une création suspendue dans les vapeurs d’azur, de rose et de sental :

 

Etude volumétrique des lieux, entre tradition et modernité.

A peine avons-nous pénétré le vestibule du hammam qu’on se sent transporté dans les vapeurs douces des bains turquoises. L’entrée, chaleureuse et colorée, se fait passerelle entre l’agitation extérieure et la bulle de relaxation qu’est le hammam.

La première salle dite tempérée et qui habitue progressivement le corps à la vapeur chaude, repose sur des colonnes surmontées d’arcades en staff ajouré et sculpté. Blanches et immaculées, elles donnent une impression de grandeur et de hauteur à la salle. Dans une niche en forme d’arc brisé coule une fontaine orientale dont l’eau est recueillie dans une cuve étroite et rectangulaire

On arrive ensuite au caldarium, étuve où la vapeur d’eau peut atteindre 45°. Pour éviter le ruissellement et les fissures, les plafonds s’ornent de gracieuses coupoles dont les courbes contrastent avec le design linéaire et épuré des bassins carrés et des bancs rectangulaires. Robinetterie et douches se font elles aussi discrètes pour laisser la place d’honneur à l’eau divine dont le baigneur vient écouter les chants. Enfin, niches, ouvertures de portes et décors rappellent les arcatures et les dômes marocains que l’architecte a voulu modernes en cassant les courbes par des lignes angulaires.

 

Mille et une mosaïques

Wilfried Deydier a conçu, dans un style orientalisant, des volumes simples et épurés, canevas vierge pour accueillir et mettre en lumière la richesse architecturale et foisonnante du traitement des décors.

Ainsi, et dans un esprit chatoyant évoquant les contes des Mille et nuits mais aussi les thermes romains, il a voulu ce hammam entièrement revêtu de mosaïques, du sol au plafond.
Il a donc dessiné et imaginé, millimètre par millimètre, chaque morceau de mosaïque. La teintant d’une palette infinie de nuances de bleu, couleur apaisante, céleste, aquatique et surtout, emblématique du monde oriental ; la décorant aussi de fleurs géométriques et colorées, jaunes, roses ou pourpres.

Pour la réalisation de ce projet pharaonique, l’artisan mosaïste a d’abord reproduit les dessins créés par l’architecte d’intérieur en assemblant les tesselles de pâte de verre sur des grilles carrées, numérotées et de 34,7 cm sur 34,7 cm chacune.
Une fois toutes ces trames assemblées, on admire le résultat où la précision offre des joints parfaits, des murs lisses et un décor qui ravit la vue des baigneurs.

 

Rêveries marocaines

Une attention toute particulière a été portée au décor de ce hammam, transformant chaque détail en une gemme qui participe à la beauté finale d’un précieux bijou.
D’abord les luminaires, confectionnés sur mesure et imaginés selon l’atmosphère de chaque pièce. Ainsi, on retrouve de grands lustres orientaux dont les motifs gravés dans le métal jouent aux ombres chinoises sur les murs.
Les lustres de la salle de repos s’ornent de matériaux de design contemporains comme le plexiglas et la tôle métallique.

De la modernité encore pour les rétroéclairages aux teintes turquoises et incrustés dans les dômes de la salle chaude.
A ce travail sur les ombres et les lumières, l’architecte des lieux adjoint l’artisanat marocain : faisant créer les banquettes et les rideaux ocres et orangés directement au Maroc.
Ramenant, des souks de Mecknès, ce splendide tapis berbère qui nous tend les bras dès l’entrée du hammam.

Faisant peindre les murs à la spatule selon la technique traditionnelle du tadelakt.
Symbolisant, enfin, le légendaire œil oriental par la mise en place de moucharabiehs réalisés sur mesure.
Le fer forgé est également mis à l’honneur, d’abord sur le garde corps de l’entrée dont les arabesques gracieuses sont ensuite répétées sur les tables du vestibule.
On aime surtout, et pour finir, ces petites perles qui ornent les banquettes et le mobilier: oranges et bleues, elles sont un rappel, ludique et unique, des deux couleurs reines du hammam. Mais elles sont, avant tout, un clin d’œil aux divines perles du chapelet que l’orient et ses peuples aiment à faire glisser entre leurs mains.


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